top of page

Les grenouilles de l’Université Sun Yat-sen (rhymed version)


Seul, je marchais sous des lueurs tamisées et les nuages.

Dans la cave d’un bâtiment aux murs inachevés, et dans

cinq des neuf étangs, les grenouilles-taureaux en bruitage,

leurs chants m’accompagnaient vers l’hôtel d'appartement.


La plus ancienne université au Sud, datant dès années folles,

sans cesse remodelée, comme un rêve qui s’étiole,

ce qui est typique de la Chine, et d’Hollande, ce goût tenace

pour rénover sans fin – là où mon travail prenait place.


Sac à dos chargé de fruits : kaki, mangue, ramboutan,

bananes dites « de colline », achetées à la Porte de l’Est,

l’une des quatre portes nommées après les vents,

car en Chine tout s’ordonne au gré des points célestes.


Un parfum de jasmin – « arbre à œuf », selon mes étudiants –

et les coassements des grenouilles mâles, se surgonflant,

me rappelaient cette ville aux confins de la Serbie,

où mon aïeul fut maire avant la Seconde Guerre,


où son père bâtit une fontaine publique en pierre.

Ces bribes du passé, en Asie, devinrent mon abri

pendant mon exil – sept ans d’un foyer vécu, non-élu –

avec le chant des grenouilles, comme en mon pays.




Miodrag Kojadinović, en serbe cyrillique Миодраг Којадиновић , est un poète, linguiste, interprète, traducteur, écrivain et théoricien de la sexualité et du genre serbo-canadien.

Miodrag Kojadinović

Related Posts

Comments

Commenting on this post isn't available anymore. Contact the site owner for more info.
bottom of page